Lors du 38e Super Bowl (la finale du championnat pro de football américain, aux Etats-Unis, l’événement le plus suivit par les téléspectateurs), le 1er février 2004, Janet Jackson et Justin Timberlake assuraient le traditionnel show à la mi-temps du match. A la fin de leur représentation Justin arracha, dans un geste prémédité, un morceau du costume de sa partenaire, laissant pour quelques secondes apparaître un bout de sein de la belle Janet. Dès le lendemain le scandale était consommé. Un puritanisme aux relents de bondieuserie évangéliste d’une frange considérable de la population américaine se voyait offrir une tribune inespérée. S’outragent ouvertement de cette atteinte à la morale, les croisés des bonnes meures réclamèrent des excuses publiques aux protagonistes de cet acte lubrique.
Toute cette affaire a bien sûr relancé le vaste débat sur ce que l’on peut montrer à la télévision ; ce qui fit couler beaucoup d’encre. De tout évidence il faut reconnaître qu’il y a de la place entre la morale d’un mormon qui n’ose même pas se la toucher quant il pisse et de la pornographie aux heures de grande écoute.
Mais ce scandale a surtout introduit une pratique nouvelle en matière de retransmission télévisée en direct. Outre le fait que les chaînes US font à présent extrêmement attention de ne pas diffuser de scènes « ambiguës » (terme qui ne recouvre pas uniquement les scènes à caractère sexuelle, même implicites. Par exemple, une embrassade passionnée est considérée comme ambiguë) durant les heures de grande écoute, elles se sont imposées une nouvelle pratique en matière de couverture des événements en direct.
En effet, de plus en plus de retransmissions live se font dorénavant avec un léger différé. Afin de pouvoir couper la diffusion ou de sélectionner avec plus de précision les images, les réalisations n’hésitent pas à diffuser avec 10 à 30 secondes de décalage sur le direct réel. Cette habile méthode permet de donner l’illusion du direct tout en offrant une marge de manœuvre considérable à la réalisation qui peut alors couper à souhait les images contraires aux « bonnes meures ». On voit bien ici l’avantage de cette technique lors des retransmissions sportives. Par exemple, pour ne pas diffuser des images de streakers (personnes qui courent nues en public, le plus souvent dans des stades), de spectateurs, ou de sportifs, effectuant des gestes obscènes ou encore d’un bout de sein de Janet Jackson.
Cela soulève toutefois quelques interrogations. Peut-on toujours parler d’événement « live » ? Est-ce une forme d’autocensure ? De plus, la télévision, si souvent critiquée pour ses tendances à faire du sensationnel se retrouve dans une position ou elle se prive volontairement d’éléments spectaculaires pour ne pas s’attirer les foudres d’une partie des téléspectateurs. Voici en tout cas un bel exemple d’interaction entre émetteur et récepteur.
dimanche 21 octobre 2007
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